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Voyager n’est pas seulement se déplacer

Source jadis de rapt et de profit, l’ailleurs devient source de connaissance avant de muer, de nos jours, en source d’évasion et d’émotion. Ni Cook ni Magellan n’ont entrepris le tour du monde dans le seul but de s’extasier ou de s’épouvanter mais, avant tout, pour découvrir, connaître, comprendre et relater, ce qui constitue les quatre points cardinaux du voyage. Ainsi définirai-je minimalement le voyageur : celui qui, en se déplaçant, s’éprouve, s’instruit et s’enrichit… A l’image d’Ulysse, le premier d’entre eux qui lors de son retour vers Ithaque sut vaincre l’épreuve des monstres, surmonter l’appel des Sirènes et connaître la triple initiation amoureuse de Circé, Calypso et Nausicaa. Ainsi rentrera-t-il initié à Ithaque, riche de tous les acquis que propose le vrai voyage.

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Dans un monde où tous les pays semblent à notre portée, l’essentiel demeure : voyager n’est pas seulement se déplacer. Inutile de courir vers le mirage polynésien si c’est pour y passer des heures à se mirer dans un lagon. Voyager, c’est rencontrer l’autre, pour le meilleur ou pour le pire, le connaître ou le reconnaître. C’est abolir l’inconnu, dans tous les sens du terme. Et, comme le dit si bien le poète libanais Georges Schehadé, aller de par le monde afin d’y « rencontrer la poussière savoureuse des hommes ». En somme, voyager c’est n’être jamais seul.

Citation du jour. Jacques Lacarrière, Le Monde de l’éducation, mai 1997 (extraits) repris dans Le Monde 2 N°182 du 11 août 2007. Lire le reste de l’article chez michel bellin.

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